Fermer les yeux pour voir

La F.^•.M.^•. peut-elle répondre au besoin de spiritualité de l’homme ?

Mardi 2 novembre 6005

R .^•. L .^•. Saint-Jean de Tours

Grand Orient de France

Fermer les yeux pour voir

AVANT-PROPOS

Ceci est une lecture symbolique. C’est-à-dire que je vais m'exprimer sans lire puisque « je ne sais ni lire ni écrire ». Et ce que je vais vous lire sans le savoir je ne suis pas censé l’avoir écrit. Et qu’enfin étant App.^•., je n’ai pas droit à la parole.

Je ne sais ni lire, ni écrire.

Mais je ne sais pas non plus danser, ni chanter, ni interpréter, encore moins jouer. Je ne sais que respirer, boire, manger, digérer, éxonérer, copuler, inspirer parfois, expirer, ou exprimer, sentir, entendre, voir, toucher… crier, fuir ou combattre. Et enfin concernant la parole, s’il en reste une, les mois passés à vous écouter m’ont persuadé d’une chose : je ne sais pas parler non plus ou plutôt : je ne sais ni lire ni écrire, et surtout je ne sais pas parler !

Que me reste-t-il ? Que nous reste-t-il ?

Le silence.  

Mais tel n'est pas le sujet de ce soir. Aussi vais-je tenter de donner une réponse à la question posée. D'avance je vous remercie d'excuser mon niveau qui est loin d'être d'aplomb.

Et puis pour commencer et pour finir, mon épitaphe :

    Le soleil est bas sur l’horizon
    Une mouette fouette le vent en silence
    Ne reste au fond de moi
    Que ce dernier battement
    Sourd et apaisant

A vous la Parole...

1- Jean aux sept Eglises qui sont en Asie : la grâce et la paix soient avec vous de la part de celui qui est, qui était et qui vient, et de la part des sept esprits qui sont devant son trône et de la part de Jésus-Christ qui est le témoin fidèle, le premier né d'entre les morts, ...
Je suis l'alpha et l'oméga, et le commencement et la fin, dit le Seigneur Dieu, qui est, qui était et qui doit venir, le Tout-Puissant.

Apocalypse I, 4-8

L'horizontalité, le niveau du 1er Surv.^•. , ne peut se révéler que du fait de la naissance de la verticalité représentée par le fil à plomb du 2^nd Surv.^•..

L'équerre, Γ, gamma, est la représentation symbolique de la verticalité et de l'horizontalité qui en découle. Et notre verticalité est relative puisqu'elle s 'applique à une surface courbe et irrégulière. L'équerre parfaite n'existe pas matériellement et pourtant elle ne peut nous tromper car sa construction est irréprochable, juste en proportion.

Kepler n'aurait pu énoncer ses trois lois s'il n'avait pressenti l'existence d'une loi universelle que Newton énoncera à sa suite.

Plus nous pensons approcher de l'Origine, plus nous réalisons qu'elle nous échappe.

Jésus à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître à nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu ». Il nous faut donc mourir, un peu, beaucoup...

La psychanalyse est une science de l'horizontalité, de la bête intelligence, une sorte de spiritualité matérielle. Le Salut ne peut venir que de la verticalité.

App.^•. Il me faut tout faire pour me tenir droit et silencieux, être à l'écoute de ce sourd grondement en moi et tout autour.

«Quand il n'y a plus personne pour s'approprier le Désir, c'est le véritable renoncement»

Jean Bouchart d'Orval, 3ème millénaire

Kepler croyait à la fameuse « Harmonie des sphères » chère à Pythagore, qui se trouvaient entre elles dans des rapports harmoniques analogues à ceux des intervalles musicaux : l'octave dans un rapport 2:1, la quinte dans un rapport 3:2, etc. Il avait même décidé, dans un élan d'humour cynique, que, chaque planète ayant sa mélodie, la Terre chantait les notes mi, fa, mi, en référence à la misère et à la famine.

2- Moi, Jean, votre frère,

Apocalypse I, 9

Jean le Baptiste, l'initié parfait, baptisant Jésus et tous ceux qui frappent à la porte du Temple, montre l'importance de la renaissance de l'initié qui s'engage sur la voie du renoncement aux préoccupations matérielles.

Feu Verbe

Sagesse Vie

Beauté Lumière

« Je mesurais les cieux, je mesure à présent les ombres de la terre. L'esprit est céleste, ci-gît l'ombre du corps »

Johannes KEPLER, Epitaphe

Quels sont les outils à la disposition de l'App.^•. ?

• La règle à 24 divisions invite au travail utile
• La laye¹ invite au désir de perfectionnement
• Le ciseau viendra parfaire la pierre brute

Septentrion : De septem triones, les « sept boeufs de battage », Petite et Grande Ourse, résidence des âmes des pharaons défunts, origine de toute chose.

Malheureusement nous ne sommes plus au temps où « tout le monde parlait alors la même langue et se servait des mêmes mots » (Gn XI, 1).

3- Voici ce que dit celui qui est le premier et le dernier, qui a été mort et qui est vivant. (...) Celui qui sera victorieux ne souffrira rien de la seconde mort.

Apocalypse II, 8-11

" la vie et la mort
le réel et l'imaginaire
le passé et le futur
le communicable et l'incommunicable
le haut et le bas
cessent d'être perçus contradictoirement "

Paul CHAMBERLAND, éP, 87

Dans la mythologie grecque, Orphée est un héros, fils du roi de Thrace Oeagros et de la muse Calliope (muse de la Poèsie épique et de l'Eloquence). Comblé de dons multiples par Apollon, il rajoute deux cordes à la lyre à 7 cordes que lui donne le dieu, en hommage aux neuf muses dont était sa mère. Jason l'emmène sur le navire Argo lors de son expédition en Colchide avec les Argonautes pour désarmer les Sirènes, apaiser les querelles et donner la mesure aux rameurs. A son retour, il épouse Eurydice et il s'installe en Thrace parmi les sauvages Cicones (d'après Robert GRAVES, Les Mythes grecs).

Orphée s'adressant à son fils Musée :

« Je chante pour les seuls pieux, arrière les profanes ! Toi, Musée, écoute, descendant de la lune silencieuse ! Les doctrines pernicieuses te sont venues de moi précédemment contre la vérité de la vie future. Maintenant je te donnerai un enseignement plus juste. Contemplant le Verbe divin, adhère à lui pleinement. Forme d'après ce principe ton esprit et tes démarches. Marchant avec droiture, adore ce Roi de l'univers. Il est unique, existant par lui-même, lui qui a créé toutes choses. »

«Dieu est parfait, (...) rien sans lui ne se fait aux profondeurs de la terre, il régit la tête, le milieu et la fin»

Orphée

« Qu'il me suffise, pour le moment, de redire la sentence classique : la Bibliothèque est une sphère dont le centre véritable est un hexagone quelconque, et dont la circonférence est inaccessible. »

Jorge Luis BORGES, La Bibliothèque de Babel

Orphée, aède (poète grec chantant ou récitant en s'accompagnant sur la lyre) revient du Royaume d'Hadès.

Aède, Hadès

4- Voici ce que dit le Saint et le Véritable, qui a la clé de David, qui ouvre et personne ne ferme, qui ferme, et personne n'ouvre.

Apocalypse III, 7

La Genèse : premier livre de la Torah et de la Bible connu sous le nom original de Béréshit, signifiant « au début de ... ». C'est l'un des cinq livres du Pentateuque (livres de Moïse).

Iod Heh Vaw Heh YHVH Dieu qui a fait sortir son peuple d'Egypte

L'arc-en-ciel est mentionné dans la Bible (Gn IX, 12-17) comme signe d'engagement de Dieu avec l'humanité. Chemin fait par Iris entre la Terre et le Ciel dans la mythologie grecque, pont pour rejoindre Asgard, le royaume des dieux dans la mythologie nordique.

Kabbale / religion hébraïque
Christianisme / Gnose
Islam / Soufisme

Les anges principaux de l'Arbre Séphirotique sont au nombre de 72. Chacun des neuf choeurs gouverné par un archange comporte huit anges.

Mon ange gardien se nomme HAHAIAH (et non pas OUFOUF, ni MILOU !).

La Divine Proportion :

« Une droite est dite coupée en moyenne et extrême raison lorsque la droite entière est, à son plus grand segment, comme le plus grand segment est au plus petit. »

Euclide, Eléments de géométrie

Le rapport du côté du pentagone étoilé (AC) ou de la diagonale du pentagone convexe (ce qui est la même chose) au côté de ce dernier (AB) correspond au nombre d'or ou rapport doré ou Divine Proportion :

AC / AB = 1,618

5- Et j'entendis que le nombre de ceux qui avaient été marqués était de cent quarante quatre mille ...

Apocalypse VII, 4

« Les symboles interviennent [donc] pour nous rendre manifestes les vérités qui sont en nous. Ils nous présentent l'image fidèle de ce que contient notre esprit. »

Oswald WIRTH, La F.^•.M.^•. rendue intelligible à ses adeptes

L'équerre sâcrée du Vén.^•. M.^•. 3 – 4 – 5

3 + 4 + 5 = 12 3 x 4 x 5 = 60

12 -> 1 + 2 = 3 6 x 60 = 360

Le bijou du Vén.^•.M.^•. symbolise à la fois la rectitude et l'orthogonalité du carré et la poèsie du cercle. Symbiose du coeur et de l'esprit.

« Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. »

L'App.^•. doit tendre vers cet idéal représenté par le Vén.^•.M.^•., mais le Vén.^•.M.^•. n'est que son reflet dans le miroir de la réalité.

douze fois douze mille

Rien
DevenU
Un

« Plus penser que dire »²

1 2 3
compas équerre règle
Trois est partout
Un est en tout
Entre deux

6- C'est ici la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence compte le nombre de la Bête, car c'est le nombre d'un homme, et son nombre est six cent soixante-six.

Apocalypse XIII, 18

Quelle est notre quête ? Quel est ce besoin ? L'homme s'il s'interroge ne peut que sentir en lui les feux de l'Enfer qui le consument de l'intérieur.

Dionysos, deux fois né, ne serait-il mort qu'une fois ? Son corps de taureau, Aleph, dévoré par les Titans. Son coeur sauvé par Athena, avalé par Zeus engendrant le nouveau Dionysos.

L'homme serait-il cette poussière de Titan dionysophage, poussière d'étoile noire ?

Dionysos est le fils de Zeus et de Sémélé qui ne put supporter Zeus dans toute sa puissance et périt foudroyée. Zeus fit coudre dans sa cuisse l'enfant arraché des entrailles de sa mère. Elevé dans un pays lointain pour échapper à la colère d'Héra dont la haine fut tenace. Obligea le petit Dionysos à se déguiser en fille puis plus tard en chevreau.

Dieu du vin et du délire créateur, présenté souvent comme un enfant (« ... quel âge avez-vous ? - J'ai trois ans ... »).

Inspirateur des Bacchanales, délire mystique qui touche surtout les femmes, interdites par le Sénat romain en 186 avant JC. Le culte se maintint sous forme d'une religion à mystères, associée à l'orphisme qui promet à ses initiés une nouvelle vie après la mort.

A l'aube du 3ème millénaire, dans un univers tourné vers le passé et l'à-venir, entre les vieux mondes et le Nouveau, résonne à nouveau le galop des quatre cavaliers : guerre, faim, peste et mort...

7- Ses yeux étaient comme une flamme de feu. Il avait plusieurs diadèmes sur sa tête, et un nom était écrit que nul ne connaissait que lui. Il était vêtu d'une robe teinte de sang, et il s'appelle le Verbe de Dieu.

Apocalypse XIX, 12-13

Je suis le symbole ornant le Delta lumineux. Je m'épelle « iod heh waw heh ». La valeur numérique de mes lettres est : 10, 5, 6, 5

10 + 15 + 21 + 26 = 72
Soixante-douze, je suis le chiffre de Dieu.

360°/5 = 72

Le pentacle, polygone à cinq sommets, dont le chiffre symbole est le 5, représente la force mais aussi et surtout la quinte-essence, c'est-à-dire l'homme. L'homme a en lui cet or des alchimistes, c'est son essence même. Ou l'apprenti alchimiste a la possibilité éventuelle, s'il apprend bien le Métier et en particulier le maniement des outils, partant de l'Argile, la Terre malléable, Adam, s'aidant de l'Air et de l'Eau, d'extraire du Feu la Pierre philosophale.

La F.^•.M.^•. peut répondre au besoin de spiritualité en montrant à l'homme qu'il doit d'abord chercher par lui-même en s'aidant des autres à utiliser les outils à sa disposition qui lui permettront peut-être un jour de découvrir en lui le Tout et l'Un réunis.

« Subir une influence n'est pas adopter docilement toutes les idées du Maître. C'est trouver près de lui le moyen de se découvrir soi-même, de mieux se connaître, de mieux s'exprimer ... »
Pierre Louis parlant d'Aristote, élève de Platon

8- C'en est fait. Je suis l'alpha et l'omega, le commencement et la fin. Je donnerai gratuitement à boire de la fontaine d'eau vive à celui qui a soif. Celui qui vaincra héritera de toutes ces choses, et je serai son Dieu et il sera mon fils. Mais pour les timides, les incrédules, les excécrables, les homicides, les fornicateurs, les empoisonneurs, les idolâtres et tous les menteurs, ils auront leur part dans l'étang brûlant de feu et de soufre, qui est la seconde mort.

Apocalypse XXI, 6-8

Le Vén.^•. M.^•. :
« Mes FF.^•. avant que ne commencent nos Trav.^•. conformément à l'article 72 du Règlement Général, je vais vous donner lecture de l'article premier de la Constitution du G.^•.O.^•.D.^•.F.^•. : La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philantropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l'étude de la morale et la pratique de la solidarité; elle travaille à l'amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l'humanité. Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience. Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclusif de l'appréciation individuelle de ses membres, elle se refuse à toute affirmation dogmatique. Elle a pour devise : Liberté, Egalité, Fraternité. »

Au premier abord cet article premier semble éloigné de la notion de spiritualité.
Quoique ...
Philantrope : qui aime les hommes, se montre bienveillant à l'égard de tous, personne qui cherche à améliorerle sort matériel et moral des hommes.Et puis est-ce un hasard si l'article du Règlement Général qui dicte la lecture de l'Article 1er de la Constitution du G.^•.O.^•.D.^•.F.^•. porte le numéro 72 ? La spiritualité ne signifie-t-elle pas la recherche de  la Vérité ? Mais à la différence des religions dogmatiques,la F.^•.M.^•. offre à l'homme en quête de spiritualité la liberté absolue. Ce n'est que par son travail que l'App.^•.peut progresser. En observant, en regardant, en passant sa main sur la Pierre du Com.^•..

Le Vén.^•. M.^•. : « Mes FF.^•. il ne nous reste plus, suivant l'usage ancien, que d'enfermer nos Secrets, dans un lieu sûr et sâcré (Il porte la main droite à son coeur). Et de nous unir en Fraternité. Nous allons former la Chaîne d'Union.

Le Vén.^•. M.^•. : « Que la Paix règne sur la terre ! »
Le 1er Surv.^•. : « Que l'Amour règne parmi les Hommes ! »
Le 2^nd Surv.^•. : « Que la Joie soit dans les coeurs ! »


9- Il y avait trois de ces portes à l'orient, trois au septentrion, trois au midi et trois à l'occident.

Apocalypse XXI, 13

Symbolisme du nombre cinq : Représentation du microcosme dans lequel agissent les 4 éléments gouvernés par le cinquième élément :l'Ether, principe premier, moteur créateur et divin. Il représente la quinte-essence.
Symbolisé par le pentagramme.
Rallié au Principe de Force (1er Sur.^•.).

Symbolisme du nombre six : Représentation de la perfection du macrocosme.
Son graphisme est l'hexagramme, figure étoilée à six branches, composée de deux triangles équilatéraux.

« Ce qui est en bas est reflet de ce qui est en haut »
Hermès Trismégiste, Corpus Hermeticum

Lumière descendant vers les hommes. Hommes se tournant vers la lumière
Somme de 1 de 2 et de 3, la Source, la Dualité et la Trinité.
Rallié au Principe de Beauté (2ème Surv).

Symbolisme du nombre sept :
Nombre de l'équilibre, de la pureté et de l'Harmonie. Rattaché à la sphère de Vénus,
nombre de l'Amour et de sa magie.
7 notes composent la gamme majeure.
7 sphères planétaires, 7 jours de la semaine.
7 sens : vision, audition, goût, toucher, intercition, empathie.
7 couleurs de l'Arc-en-ciel : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet.
Son graphisme est l'heptagramme.
7 ans dans quatre ans peut-être ?

10- ... l'Arbre de Vie, qui porte douze fruits ...

Apocalypse XXII, 2

La Gnose, connaissance initiatique universelle.

« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux ».
La Gnose est ce chemein particulier qu'emprunte depuis des siècles tous les cultes, toutes les philosophies vers la Source de l'humanité, la Source de la Vie, la Source de l'Univers.

« Dieu n'est pas cause de tout, il n'est cause que des biens, il n'est pas responsable des maux » Platon
   
    L'univers chaos ordonné
    Que cherche-t-il ?
    L'Aleph ?
    Platon, Pythagore, Zoroastre et pourquoi pas Bouddha,
    Marx et Jésus
    L'oméga est parmi nous
    Fruit du feu d'Hadès et d'Hélios
    Des Titans et de Dionysos
    Ses cendres nous envahissent
    Telle la géométrie maternelle du
    Logos

Pour se libérer l'homme doit fuir le monde.
Se retrancher. Se dépouiller de ses métaux.
Quitter la réalité de la matérialité et se rapprocher d'une spiritualité palpable.

La Gnose conduit nécessairement par la réunion ou plutôt la ré-unification de la Règle des doctrines spirituelles à se rapprocher de l'unité primordiale, réunissant les différentes parcelles ou fragments du symbole primordial.

Le symbole se nourrit de nos interprétations et il nous aide à l'interpréter en retour.

Symbolos : rassembler, unifier
Diabolos : séparer, déchirer
Dialogue
Dia-logos
Dialogue absent de la Loge
Proscrit à jamais
Source de l'éclatement du Verbe

« Devient tel un enfant, rends-toi sourd et aveugle !
Tout ton être devenir néant, dépasse tout être et tout néant !
Laisse le lieu, laisse le temps, et les images également !
Si tu vas par aucune voie sur le sentier étroit,
Tu parviendras jusqu'à l'empreinte du désert »

Maître Eckhart, Granum sinapsis (graine de Sénevé)

10- ... Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre.

Apocalypse XXII,7

L'alphabet hébreu nous conduit à nouveau sur les traces du ΛoΓoΣ.
Aleph est la première lettre de l'alphabet hébreux. Elle signifie étymologiquement taureau. Son origine remonte à l'alphabet phénicien et la lettre est sans doute apparentée au coup de glotte de l'alphabet ougaritique. Sa valeur numérique dans la numération hébraïque est 1.
Yod est la dixième lettre de l'alphabet hébreux.Sa valeur numérique est 10.
Heh est la cinquième lettre de l'alphabet phénicien et de l'alphabet hébreux.Sa valeur numérique est 5.
Vav ou waw est la sixième lettre de l'alphabet hébreux.Elle trouve son origine dans une lettre de l'alphabet phénicien, laquelle a aussi donné le digamma, que nous pourrions surnommer la “double-équerre”, et l'upsilon de l'alphabet grec ainsi que les lettres F, V, Y, U, et W de l'alphabet latin. Vav représente le nombre 6.

“... je vis des yeux tout proches, interminables, qui s'observaient en moi comme dans un miroir...” Jorge Luis BORGES, L'Aleph

“J'en arrive maintenant au point essentiel, ineffable de mon récit ; ici commence mon désespoir d'écrivain. Tout langage est un alphabet de symboles dont l'exercice suppose un passé que les interlocuteurs partagent ; comment transmettre aux autres l'Aleph infini que ma craintive mémoire embrasse à peine ? Les mystiques, dans une situation analogue, prodiguent les emblèmes : pour exprimer la divinité, un Perse parle d'un oiseau qui en une certaine façon est tous les oiseaux ; Alanus ab Insulis, d'une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part ; Ézéchiel d'un ange à quatre visages qui se dirige en même temps vers l'Orient et l'Occident, le Nord et le Sud. (Je ne me rappelle pas vainement ces analogies inconcevables ; elles ont un rapport avec l'Aleph.) Peut-être les dieux ne me refuseraient-ils pas de trouver une image équivalente, mais mon récit serait contaminé de littérature, d'erreur. Par ailleurs le problème central est insoluble : l’énumération, même partielle, d'un ensemble infini. En cet instant gigantesque, j'ai vu des millions d'actes délectables ou atroces ; aucun ne m'étonna autant que le fait que tous occupaient le même point, sans superposition et sans transparence. Ce que virent mes yeux fut simultané : ce que je transcrirai, successif, car c'est ainsi qu'est le langage.

Jorge Luis BORGES, L'Aleph

Melencolia I (Albrecht Dürer, 1514)

11- HYMNE DES ORIGINES

(Nâsadya sukta)

Il n'y avait alors ni le non-être ni l'être.
Il n'y avait ni espace physique ni espace subtil.
Qu'est-ce qui voilait Cela, qu'est-ce qui l'abritait?
Qu'était l'Eau sans fond et impénétrable?
Il n'y avait ni mort ni même immortalité,
Il n'y avait alors aucune manifestation de la nuit et du jour.
Ce Un respirait sans souffle, mû de soi-même.
Qu'y avait-il d'autre que Cela? Quel délice supplémentaire pouvait-il y avoir?
Au tout début, des ténèbres recouvraient les ténèbres.
Cette Étendue indistincte était tout.
En ce temps, ce Non-né vacant, ce Un tout-puissant,
Émergeant, apparu par le pouvoir de l'Ardeur
Au début, se développa une sorte de Désir,
Qui fut le tout premier germe de la pensée.
Cherchant avec sagesse au plus profond d'eux-mêmes,
Les visionnaires découvrirent le lien entre le manifeste et le non manifeste.
Leur cordeau était tendu à l'horizontal.
Quel était le dessous, quel était le dessus?
Il y eut des porteurs de semence et de puissantes forces;
En bas était l'Instinct, en haut la Grâce.
Qui sait en vérité? Qui saurait annoncer ici
D'où est apparue cette création, d'où elle a été lancée?
Même les dieux sont en deçà de cette émergence.
Qui peut dire d'où elle émane?
Cette création, d'où elle émane,
Si elle est tenue ou si elle ne l'est pas,
Celui qui l'imprègne dans l'espace le plus subtil
Le sait sans doute, ou peut-être ne le sait-il pas…

(Rig Veda X, 129)

12- Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.

Apocalypse XXII, 13

Esprit, mon nom est personne.
Selon le Dictionnaire historique de la langue française, le mot est un emprunt adapté au latin classique spiritus, « souffle, air », « respiration », (...). Comme le grec pneuma, spiritus signifie aussi « souffle divin »,« esprit divin », « inspiration » d'où « âme » et « personne »; en latin chrétien, spiritus prend les valeurs de « mentalité », « intention », « principe de vie morale », « intelligence », « être immatériel » (esprit, ange, démon, fantôme, Sanctus Spiritus « Saint-Esprit ») et, par métonymie, « personne qui a bon ou mauvais esprit ». Spiritus vient du verbe spirare « souffler », « respirer », « exhaler une odeur » et, au figuré, « être inspiré », verbe qui n'a pas de correspondant hors du latin.

Esprit est attesté à la fin du Xème siècle avec plusieurs acceptions : « principe de la vie incorporelle de l'homme, âme » et « principe de la vie corporelle », d'où la locution rendre l'esprit « mourir » où reste la métaphore du souffle.

Au début du XIIème siècle, esprit reprend le sens latin de « souffle, vent, air », qui a disparu, et, dans le vocabulaire biblique, celui de « souffle envoyé par Dieu » et, plus généralement, de « principe de la vie psychique, conscience ».

    Avoir de, trait d', mot d'
    Principe
    de justice, de corps, de chapelle
    d'analyse, de géométrie
    bon, bel
    produit d'une distillation en alchimie
    spiritus oethereus ou éther

Ce besoin de spiritualité de l'homme ne correspond-il pas à ce désir de connaissance du cinquième élément qui selon Aristote, qui ne connaissait ni Einstein, ni Planck, plane dans l'Univers au-dessus des quatre autres éléments.
Mais nous nous éloignons un peu vite du sujet. Complexe comme le tracé des multiples chemins que chacun peut emprunter dans sa quête d'une plus grande unité, d'une unité éternellement infinie dans ses limites.

13- Je suis le rejeton et le fils de David, l'Etoile brillante, l'Etoile du matin.

Apocalypse XXII, 16

«Salomon envoya chercher Hiram de Tyr; c'était le fils d'une veuve de la tribu de Nephtali» Rois I, 8, 13-14

« ... il dressa la colonne de gauche et lui donna pour nom : Boaz. » Rois I, 8, 21

L'initiation est une cérémonie au cours de laquelle on frappe l'imagination par la représentation de symboles qui mettent sur la voie d'une réflexion personnelle.

« Initier » siginifie « mettre sur la voie ».

Rituel de la Cérémonie d'Initiation au 1er degré symbolique :
L'expert : « Ce caveau est le lieu de votre mort philosophique ».
Autant dire qu' il faut espérer que la F.^•.M.^•. réponde au besoin de spiritualité de l'homme, car sinon, étant mort il y a quelques mois je commence à ressembler à un petit tas de poussière. Ce que j'étais, ce que je suis et ce que je resterai.
Plus tard dans l'initiation, le Vén.^•. M.^•. : « Sachez Monsieur, que c'est pour mettre un frein salutaire à nos passions, pour nous élever au-dessus des intérêts mesquins qui tourmentent les profanes, que nous nous assemblons dans nos Temples. (...) C'est en réglant ainsi ses inclinations et ses moeurs que l'on parvient à donner à son âme ce juste équilibre qui constitue la Sagesse, c'est-à-dire l'Art de la Vie. » Et l'homme est
prévenu. Il doit se préparer à « travailler sans relâche à (son) perfectionnement intellectuel ». Et que « ce travail est pénible et demande des sacrifices ».

Si l'homme ne tient pas parole il s'expose à l'amertume et au remords.

Les Trois Petites Lumières :

• colonnette ionique, Vén.^•. M.^•. (Sagesse)
• colonnette dorique, 1er Surv.^•. (Force)
• colonnette corinthienne, 2ème Surv.^•. (Beauté)

Les Trois Grandes Lumières :

• le Volume de la Loi Sâcrée (Prologue = LoGoS)
• le compas (Lambda)
• l'équerre (Gamma)

Plongé dans les ténèbres je n'étais qu'un petit tas de terre

Falling man (Max Beckmann, 1951)

Maintenant à la lumière j'espère devenir poussière d'étoile

CONCLUSION

Il y a presque un an j'ai frappé à la porte du Temple. Qu'est-ce-qui m'a poussé à le faire si ce n'est l'impression d'un manque et donc le besoin de quelque chose que nous pouvons appeler spiritualité.

La F.^•.M.^•. peut-elle répondre à ce besoin ? En ce qui me concerne et alors que je n'en suis qu'à mes premiers pas je sens au fond de moi se combler petit à petit ce manque. Suis-je en train de me re-fonder ?

« Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant »

Apollinaire, Le voyageur

La F.^•.M.^•. ne répond pas à ce besoin de manière dogmatique mais par l'initiation, la découverte de la Fraternité, le rituel, l'écoute silencieuse, la découverte des symboles...

« Celui qui trouve la porte du temple maçonnique et décide d'y frapper est guidé par la certitude intuitive que pénétrer en ce lieu sera l'un des actes les plus importants de son existence. »
Jean-Patrick DUBRUN, Qu'est-ce-qu'un Apprenti Franc-Maçon ?
Plus loin, le même auteur écrit :« ... l'initiation est à l'image de la vie : elle donne généreusement, sans compter, sans attendre de retour, et il faut être capable de répondre à ce don que la vie fait à chacun ... plus on demande à l'initiation, plus on reçoit. »

Quel est cet or qui est en nous et demande à sortir ? Quel est ce sentiment qui englobe tous les sentiments ? Quelle est cette émotion ? Quelle est cette source, si ce n'est l'Amour ... de la Sagesse, la recherche de l'équilibre harmonieux.

Nos pères, templiers réfugiés en Ecosse au soir du Vendredi 13 octobre 1307, ont cherché
des voies pour libérer les hommes de ceux qui utilisaient la Parole, en la détournant de

son sens premier, pour tromper les autres. Ils ont alors privilégié l'usage d'un outil extraordinairement puissant : le symbolisme. La Parole³ elle-même devenait symbole pour celui qui en cherchait le sens premier. L'originalité de l'écossisme est donc cette capacité à s'imprégner du langage symbolique pour entrer dans la quête de la quinte-essence profonde de l'humanité. L'initié devient un F.^•. héritier d'une tradition du Verbe et membre d'une confrèrie en esprit à laquelle appartiennent tous les initiés d'hier, d'aujourd'hui et de demain.N'est-ce-pas là une manière de répondre à la question posée ?

 

Vanité ou Allégorie de la vie humaine (Philippe de Champaigne (?))

NOTES

1- le marteau bretté ou laye est un marteau dont les extrémités, aplaties dans le sens parallèle au manche, forment des tranchants qui sont découpés en dents. Pour les pierres tendres, le marteau n'est ordinairement bretté que d'un côté, l'autre reste uni.Une pierre dressée au marteau bretté est dite layée.

2 - « Nous allons vous débarasser de cette racaille » Nicolas SARKOZY, 29/10/2005

3 - Racaille : désigne collectivement le rebut de la société d'où son emploi pour désigner une catégorie de personnes que l'on méprise.